- Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde, Essai d'histoire comparée

Note de lecture par LAVALLEE Alain

Ne peut-on restituer une plus grande complexité à ce que l'on nomme de manière un peu trop monolithique, l'Amérique? C'est le projet que nous propose Gérard Bouchard par ses ouvrages et d'abord par Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde, un ouvrage qui a été couronné en novembre 2000 du prix littéraire canadien le plus prestigieux, le Prix du Gouverneur Général du Canada, catégorie essai. En cette période où l'Europe se construit, où le mot mondialisation est sur toutes les lèvres, ce livre pose un regard macroscopique sur les suites d'une mondialisation enclenchée il y a cinq siècles lorsque les monarchies européennes (France, Angleterre, Espagne, Portugal...) ont entrepris d'essaimer dans le Nouveau Monde.

Dans cet essai, Bouchard tente de retracer la genèse des nations et la formation des nouvelles identités au cours des siècles qui ont suivi ces conquêtes et colonisations européennes. Il va de soi qu'une place importante dans cet essai est consacrée au parcours collectif ainsi qu'à l'imaginaire identitaire des descendants de ces quelques 70 000 Français qui, au milieu du 18° siècle, tissaient une Amérique franco-indienne. Grâce à leurs alliances avec les peuples amérindiens, ils confinaient plus d'un million et demi de colons anglais à un territoire compris entre l'Atlantique et les Appalaches.

Afin d'éclairer l'itinéraire de cette collectivité neuve qu'était la Nouvelle-France, Bouchard choisit de la placer en parallèle avec les autres collectivités du Nouveau Monde. Des chapitres sont consacrés aux parcours, faits de continuité et de ruptures, des collectivités neuves qui se sont constituées en Amérique Latine, suite aux conquêtes des monarchies espagnoles et portugaises (Mexique, Brésil...etc.), en Amérique anglo-saxonne (États-Unis et Canada), etc. Comment se sont formées les consciences nationales, les identités collectives? Quels rapports ont entretenus les descendants européens et les autochtones, les élites et les classes populaires, les élites locales et les élites métropolitaines? Comment ont évolué les rapports entre ces collectivités neuves et les autorités métropolitaines? " Comment pèse et se transforme le lien colonial au fur et à mesure que s'affirment les nouvelles identités continentales ? (p. 9) "

En comparant l'évolution de ces collectivités neuves et le déploiement de leurs cultures nationales, il nous incite à faire directement ou indirectement plusieurs constats, mais surtout, il trace un portrait un peu plus complexe de ce que l'on nomme souvent l'Amérique, comme s'il s'agissait d'une entité homogène. Il nous amène à distinguer américanité et américanisation.

L'américanisation consiste en une extension d'une culture étatsunienne au-delà des frontières nationales des États-Unis (valeurs, langue, produits culturels, mode de vie, marchandisation). Elle invite à une homogénéisation des modes de vie. L'idée d'américanité quant à elle évoque à la fois convergences et divergences.

Convergences parce qu'au sein de ces sociétés se développe de plus en plus le sentiment qu'une partie de leur identité réside dans une appartenance à ce continent qu'elles partagent, les Amériques. Convergences parce qu'américanité rime en partie avec modernité et nation moderne. Dans le déploiement de son regard macro-historique sur le Nouveau Monde, l'auteur constate que la majorité des descendants de sociétés européennes ont construit tout au long des 18è, 19è et 20è siècles des nations souveraines dans le Nouveau Monde (à l'exception du Québec et de Porto Rico). Il note l'existence de cas de ruptures " inversées " (Cuba et Haïti) où ce ne sont pas les descendants d'Européens qui ont pris le pouvoir. Il écrit alors: " Il est remarquable que, à aucun moment de son histoire, la volonté souverainiste du Québec n'ait pu bénéficier d'appuis ou de circonstances (...) " qui auraient pu l'amener à la formation d'un état souverain.

Diversités aussi parce que cette idée d'américanité réfère à l'originalité des adaptations culturelles qui ont contribuées à former les imaginaires identitaires des populations: le métissage brésilien, l'indigénisme mexicain, l'équilibrisme canadien (comment quitter graduellement l'empire britannique, sans rompre, tout en se rapprochant des États-Unis sans s'américaniser), la valse hésitation-distinction québécoise... Cette idée d'américanité évoque la diversité parce qu'elle nous rappelle que l'expression société américaine ne devrait être utilisée qu'au pluriel (sociétés américaines). Cette expression réfère aujourd'hui à plus d'une trentaine de sociétés nationales dont les parcours politiques sont faits de continuités et de ruptures, et que la société étatsunienne, malgré son importance et son influence, n'est que l'une d'entre elles.

À la fin de son examen de ces itinéraires nationaux, il conclut à la fois à la fragilité et à la flexibilité des identités de ces nouvelles nations. Fragilité des identités car elles ont un " passé relativement court " et "  elles ont été incapables d'imposer à la diversité culturelle la vigueur d'une tradition et d'une norme nationale (p. 395) ". En cela il rejoint Karl Deutsch qui, en 1969 au moment de la décolonisation de l'Afrique, doutait que le processus complexe de mobilisation sociale et d'assimilation culturelle qui avait mis des siècles à produire les nations françaises et anglaises puisse parvenir en une ou deux générations à produire des identités nationales fortes en Afrique.

Flexibilité des identités, parce que " le doute qu'elles ont toujours entretenu sur elles-mêmes y a créé des conditions favorables aux compromis identitaires (p.395) ". Les nations du Nouveau Monde font preuve de créativité. Elles tentent de " concevoir des voies originales " afin d'accommoder l'hétérogénéité de leurs populations: métissage en Amérique latine, multiculturalisme en Australie et au Canada anglophone, interculturalisme au Québec, biculturalisme en Nouvelle-Zélande, etc. Le portrait tracé permet de saisir la diversité des parcours identitaires et d'aller au-delà de l'image homogénéisante de l'américanisation.

Cette vaste fresque comparative nous invite à récuser une thèse qui a eu beaucoup de succès dans les milieux intellectuels américains, celle de l'exceptionnalisme américain, " thèse en vertu de laquelle il est posé a priori que ce pays diffère en tous points des autres; il s'y ajoute parfois l'idée qu'il leur est carrément supérieur. (p .47) " Il ne faut pas oublier que pendant que l'américanisation progresse dans de nombreux pays, elle connaît des ratés aux États-Unis. L'homogénéisation proposée par le modèle d'un melting pot américanisant fait de moins en moins recette auprès des récentes vagues d'immigrants. La culture étatsunienne subit les influences de la culture mexicaine et des autres cultures latino-américaines. Certains états (Californie, Texas...) craignent une latinisation de la culture étatsunienne. Même la nation étatsunienne a ses fragilités et ses doutes.

Mais comment peut germer dans l'esprit d'un historien, l'idée d'un projet aussi ambitieux: réaliser un essai d'histoire comparée des américanités qui se sont construites au cours des siècles qui ont suivi la rencontre des sociétés de l' Ancien Monde européen et des populations autochtones du Nouveau Monde. Ce projet lui est venu d'une recherche précédente. Historien formé à l'histoire sociale dans l'esprit de l'historiographie française de l'École des Annales, Gérard Bouchard avait entrepris dès 1972, le projet de réaliser pour sa région d'origine, le Saguenay (région du Moyen Nord du Québec) une vaste enquête historique visant à comprendre le changement social, plus précisément le passage d'une société saguenéenne paysanne vers une société moderne industrialisée. Dans cette recherche, Quelques arpents d'Amérique (1996), alors qu'il cherchait les traces de filiations coutumières françaises, il a découvert certaines facettes de l'américanité.

Bouchard pensait disposer d'un sujet de rêve pour un historien. Il pouvait espérer étudier tout le processus de peuplement de cette région: sa genèse pionnière, son déploiement et sa transformation. La région du Saguenay n'avait été ouverte à la colonisation que vers 1840. Elle s'était développée au sein d'un immense territoire amérindien, contrôlé à ce moment-là par la Hudson Bay Company. En rassemblant tous les fichiers d'état-civil, l'auteur pouvait espérer réaliser une " histoire sociale totale ". Il a donc entrepris la prise en compte de tout le processus de colonisation et du peuplement de cette région pour la période de 1838 à 1971. Cette tâche s'est avérée ardue. Il a d'abord fallu monter un fichier (Balsac) contenant les 125 000 familles qui, à un moment ou un autre, ont vécu dans la région du Saguenay (environ 700 000 actes de baptême, de mariage et de sépulture ont été recensés et conciliés). Afin de compléter ces données quantitatives du fichier Balsac, il y a joint un corpus de 1500 entrevues (mémoires d'anciens) menées auprès de 550 familles de la région. Il y a aussi greffé des échantillons volumineux d'actes notariés (donations, testaments, actes de vente, contrats de mariage, etc.). Ces corpus lui ont permis de reconstituer la dynamique démographique de reproduction, les itinéraires professionnels et migratoires des familles dans la région. Il a pu établir les caractéristiques démographiques, socioculturelles, économiques de cette ruralité canadienne française qui s'établissait en milieu forestier, puis oeuvrer à repérer les voies par lesquelles des processus de transformation se sont immiscés dans les modes de vie des habitants de cette région pionnière. Ces pionniers se sont retrouvés de plus en plus insérés puis intégrés aux dynamiques économiques, sociales et culturelles interrégionales, nationales et internationales.

Il a dû s'entourer de chercheurs, participer à la mise sur pied de centres de recherches, animer, diriger (centre SOREP, puis IREP, Institut inter universitaire de Recherche sur les Populations). Cette recherche pionnière a ouvert de nouvelles avenues insoupçonnées... Au cours des deux décennies qu'il a consacrées à cette recherche, il a dû établir des procédures méthodologiques afin de traiter ce corpus multidimensionnel qui lui permettait d'espérer réaliser une histoire sociale totale. Cette approche historiographique l'a amené à travailler avec des dizaines et des dizaines de variables écologiques, démographiques, économiques, culturelles, etc... afin de tenter de mesurer l'importance, l'influence de chacune de ces variables sur la transformation du mode de vie de la population saguenéenne.

La recherche progressant, il s'est retrouvé face à l'un des problèmes que pose la complexité à la connaissance analytique, le problème de " l'information infinie ". Les années passées à traiter de multiples façons ces données empiriques l'ont amené à conclure que " le chercheur fait face au défi de rendre compte de l'ensemble des changements survenus dans cette société paysanne depuis le début du XXè siècle: changements dans la reproduction démographique, le rapport à la terre, les modes de production économique, la reproduction familiale, les modalités de l'alliance matrimoniale, la solidarité communautaire, les pratiques coutumières, l'alphabétisation, la vie religieuse. Mais il faut qu'on en soit de nouveau prévenu: nous avons dû renoncer à la quête d'un modèle simple à géométrie séduisante, préférant sacrifier à la complexité (p.469) ". Les interactions entre ces multiples variables créent " une dynamique plutôt imprévisible ". " Le changement social, pris dans sa globalité, court sur plusieurs trames relativement indépendantes à l'origine, mais qui en viennent à s'entrecroiser, à mêler leurs efforts. C'est la logique de ces croisements qui est difficile à expliciter: on est devant une structure de causalités à plusieurs faces et à plusieurs vitesses qui dans l'ensemble doit beaucoup aux hasards des conjonctures. (p. 470) ".

Comme l'écrivait Jean Marie Legay, cette complexité de nos milieux de vie pose des problèmes à la causalité classique: " il n'y a plus d'effet qui n'ait qu'une cause, et plus de cause qui n'ait qu'un effet ". Une action posée dans un système complexe engage un processus dynamique d'interactions, de rétroactions dont il est impossible de calculer de manière précise le devenir. Il nous faut alors renoncer à nos ambitions de réduire la complexité à des causes singulières. Le chercheur peut au mieux tenter de comprendre le système, retracer son évolution globale. Face à une réalité qui apparaît incompressible et imparfaitement explicable de manière analytique, il y a lieu de recourir à des imageries, ou mieux à des modélisations qui peuvent aider à saisir, à appréhender les dynamiques évolutives du système global.

Face à cette complexité inattendue, le sociologue et historien conclut qu'après 1940, la société paysanne saguenéenne " quitte ses retranchements et s'intègre pour de bon à ces ensembles plus vastes que sont l'économie et la société québécoises, canadiennes nord-américaines. (p. 470) " parce qu'elle était minée de l'intérieur et de l'extérieur. Elle était coincée dans son milieu spatial, écologique (saturation de l'espace agraire), ce qui l'a amenée à réaménager son organisation (réformer le système de reproduction familiale). De plus, l'alphabétisation par de multiples voies finit par miner la culture paysanne traditionnelle. Manière d'être et manière de connaître et de se connaître sont ébranlées. Sans oublier que ces nouvelles manières de connaître, d'être, d'échanger, d'entrer en relation ont de plus en plus pénétré ou transformé les milieux nord-américains, canadiens et québécois. Les interactions entre la population saguenéenne et l'extérieur se multipliant, leur mode de vie économique, social, culturel s'en est trouvé sapé.

De ses deux décennies consacrées à l'analyse du changement social de cette région, Gérard Bouchard en a retenu la complexité. Complexité de son déploiement temporel (multiplicités, déphasages et rythmes différents des transformations) ainsi que de son déploiement spatial et organisationnel. Il a mis en évidence la difficulté de problématiser ces jonctions, ces emboîtements d'une réalité sociale locale avec des réalités plus vastes, la difficulté de problématiser ces entités systémiques dont Yves Barel disait qu'elles sont toujours constituées "d'autres systèmes ".

Bouchard tire des conclusions méthodologiques lourdes de conséquences pour l'historiographie française: " Quel que soit le cadre spatial adopté (paroissial, régional, national), si l'on voulait rendre compte correctement de la société à l'étude dans une perspective de changement, il faudrait pouvoir postuler qu'elle est une totalité. Or, nous savons bien que ce n'est pas vrai. L'histoire sociale fait toujours face à des ensembles partiels qui trouvent leurs compléments et leurs articulations dans des ensembles plus vastes, selon des emboîtements difficiles à reconstituer. Ainsi, la démarche de synthèse est sans cesse relancée vers d'autres horizons. Il faut bien le reconnaître aussi: il y a quelque chose de terriblement exigeant, sinon d'un peu chimérique, dans le projet d'histoire sociale (au sens d'une histoire " totale ") qui donna naissance en France à ce qu'il est maintenant convenu d'appeler l'école des Annales. D'abord, parce qu'il faut disposer d'une richesse de données exceptionnelles et d'une énorme instrumentation pour reconstituer toutes les composantes du social; ensuite, parce que la logique qui est censée ordonner les interactions entre ces composantes relève peut-être autant du postulat que de la véritable démonstration. (p. 473-474, nous soulignons) "

Cette citation un peu longue, souligne bien les limites de la connaissance analytique, et constate que l'espoir d'une démonstration indiscutable est " un peu chimérique ". Bouchard prend acte de la complexité des dynamiques socioculturelles et de leur déploiement temporel. C'est alors qu'il entreprend d'ouvrir la science historique en mettant en oeuvre une démarche comparative, ce qui nous vaudra sa Génèse des Nations et cultures du Nouveau Monde (2000). Au lieu de mettre le focus sur le lien entre une métropole et sa colonie, l'approche comparative qu'il utilise favorise une certaine distance. Elle permet de dégager une vision macroscopique de la dynamique des liens de dépendance métropole-colonie (Angleterre-États-Unis, Espagne-Mexique, Portugal-Brésil, Grande-Bretagne-Canada...), une vision macroscopique du déploiement des dynamiques de continuité ou de ruptures entre l'Ancien Monde et le Nouveau Monde.

Ce vaste projet d'histoire comparée est frère d'une pratique de modélisation systémique. Bouchard construit une " modélisation de la formation et de l'évolution des collectivités neuves ainsi que des imaginaires collectifs (p. 74). " Il plaide pour la scientificité de cette démarche en soulignant que la science n'est pas la quête d'une " hypothétique neutralité ", ou la quête d'une vérité historique et de sa promesse " jamais tenue, impossible à tenir, d'une adéquation parfaite, définitive et universelle entre les énoncés du chercheur et la réalité (p.75) ". Une " connaissance peut être dite scientifique uniquement en vertus des procédés d'objectivation (relatifs à la collecte et au traitement des données, à la construction des concepts, à la formulation et l'évaluation des hypothèses...) qui président à sa production  "(p. 75). Ces procédés rigoureux d'objectivation réfèrent " à une méthode de construction de l'objet, et le savoir qui en résulte doit être évalué en relation avec les règles commandant cette opération (p. 75) ".

En milieu complexe, la multiplicité des acteurs, des variables, des interactions directes et indirectes fait qu'une démonstration systématique, une démonstration vraie hors de tout doute raisonnable est hors de portée. Les itinéraires comparés, les modèles et configurations dynamiques peuvent nous aider à appréhender la réalité. À défaut de constituer une démonstration, ils nous proposent une " monstration ". Ils nous montrent un cadre construit qui peut servir à étayer une argumentation, être soumis à des discussions, faire face à des réfutations, susciter des délibérations. Des constructions rigoureuses permettent de s'engager dans un processus d'objectivation.

Bouchard a défini des concepts puis il les a argumentés: nations et identités, américanisation et américanités, mondialisation et fragilité des identités nationales. Il a tracé des itinéraires nationaux puis il les a comparés. Il en a fait des modèles de continuité ou de rupture. Il nous convie maintenant à discuter de leurs mérites, de leurs conséquences, il nous invite à en délibérer. De la délibération peut naître des constructions, des représentations plus éclairées de phénomènes complexes, mais aussi des projets démocratiques. À sa manière, il contribue au renouveau de la pratique de ces épistémologies constructivistes qu'a bien présentées Jean-Louis Le Moigne.

En terminant, étant donné l'ampleur des thèmes abordés, cela va de soi que certains aspects ne sont qu'esquissés, il nous semble malvenu de faire des remarques trop pointues. Néanmoins, il est certain que certains concepts pourraient faire l'objet de discussions. Par exemple, des historiens ou des anthropologues pourraient discuter la distinction qu'il propose entre les concepts d'enclave coloniale et de collectivité neuve dans sa Genèse des nations (2000). Des échanges ont déjà cours ici sur le concept d'américanité.

Si nous avions à faire une remarque elle irait dans le sens suivant. Gérard Bouchard constate aujourd'hui que nombre de ces nations du Nouveau Monde sont encore confrontées à une impasse autochtone. Ces nations ont des difficultés à négocier avec, ou à faire une place à ces populations (peuples, nations?) qui ont longtemps été victimes d'injustices. Cette impasse autochtone contribue à fragiliser leur identité nationale. Si il pouvait aujourd'hui réécrire ses Quelques arpents d' Amérique (1996), probablement qu'il y ajouterait quelques pages sur les Amérindiens (Montagnais) qui vivaient sur les terres du Saguenay bien avant la colonisation de 1830. Il ne faut pas oublier que dès 1580 le port naturel de Tadoussac situé à l'embouchure de la rivière Saguenay servait de lieu de traite important pour le commerce des fourrures. Les bandes de chasseurs montagnais allaient y échanger les fruits de leurs activités contre des produits européens. Puis au siècle suivant, quelques autres postes de traite ont jalonné ce territoire. Les forêts boréale et laurentienne du Saguenay étaient d'une certaine manière aménagées par ces Amérindiens chasseurs, pêcheurs et cueilleurs. Avant 1840, le territoire du Saguenay n'était pas un territoire inhabité. Les premiers Saguenéens étaient Amérindiens.

Alain Lavallée, (Québec)