L'Autonomie Masquée, histoire d'une modélisation

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Avec cet ouvrage, Lerbet s'engage dans une triple tentative : faire avancer de façon significative la réflexion sur la conception de l'autonomie, repérer et situer par rapport à cette question les apports marquants de ce siècle, mettre en perspective l'évolution de sa propre pensée. Le pari, qui pouvait sembler risqué, me semble tenu.

L'autonomie est une notion tellement galvaudée par les discours pédagogiques ou politiques qu'il devient indispensable de préciser la conception que l'on peut en élaborer du point de vue scientifique. L'une des tâches menées à bien par l'ouvrage est justement de contribuer à en fixer le paradigme tout en rappelant les conditions méthodologiques et épistémologiques de son utilisation. Il ne suffit pas, pour concevoir l'autonomie, de prendre en considération l'interaction entre un système et son environnement, interaction que l'on peut modéliser par les deux fonctions S = f(E) et E = f(S) - certains préféreront peut-être écrire E = f -1 (E) pour marquer le caractère de fonction réciproque de la seconde. Il faut aussi tenir compte des processus autoréférentiels, que l 'on peut noter S = f(S). L'autonomie peut alors être conçue comme un difficile équilibre entre processus autoréférentiels et processus hétéroréférentiels, entre self et non self. Côté méthodologie, si les méthodes hétéroréférentielles - les méthodes habituellement qualifiées de scientifiques - peuvent être efficaces pour repérer les premiers, il faudra avoir recours à la méthode phénoménologique en ce qui concerne les seconds. Du point de vue épistémologique, outre qu'il serait vain de penser tout savoir d'un système autonome - ce qui repère le passage d'une position positiviste à une position constructiviste, il faut renoncer à construire une méthode qui permettrait à la fois des investigations à propos des deux types de processus. Non seulement un système autonome est par définition celui qui réserve des surprises, mais c'est seulement en référence à ses propres processus autoréférentiels que le chercheur peut espérer repérer quelque aspect des processus autoréférentiels d'un sujet humain. Ainsi, l'autonomie, comme le système personne, prend le statut d'un objet conjecturable, par opposition au statut d'observable, qui correspond aux méthodes hétéroréférentielles. Car si ces dernières et celles que l'on pourrait, par raccourci, qualifier d'autoréférentielles sont à concevoir comme complémentaires, il ne faudrait pas caresser l'illusion d'élaborer une méthode "mixte", à la fois auto- et hétéro-, retour d'un refoulé positiviste.

En parallèle à cette construction théorique et épistémologique, le lecteur trouvera un repérage des apports théoriques qui ont marqué le siècle quant à la question. La reprise magistrale de ces "grandes conceptions", le repérage de leurs limites comme de leurs ouvertures sont d'autant plus importants pour le chercheur, jeune ou confirmé, que peu d'auteurs disposent de la culture scientifique qui est celle de Lerbet. Elève de Fraisse et de Piaget, formé tant au caractère explicatif de la psychologie expérimentale qu'à l'aspect compréhensif d'autres composantes des sciences humaines, enseignant-chercheur en psychologie puis en sciences de l'éducation, lecteur attentif des publications issues des sciences dures ou douces, il a les moyens de brosser ce panorama. Ainsi, la position de la psychologie expérimentaliste et positiviste par rapport à cet "objet" crucial que constitue le sujet humain est repérée et explicitée. Ainsi, l'équilibration piagétienne est mise en regard de l'énaction varélienne, ce qui permet de montrer que la première fait une large place à l'hétéroréférence, tandis que la seconde s'élargit à l'autoréférence - Lerbet souligne ici, à nouveau, que la pensée de Varela, en posant le cognitif comme coextensif du vivant, marque une avancée décisive par rapport à la conception piagétienne, qui est celle d'un continuum du biologique au cognitif. Ainsi, le repérage de la place des deux cybernétiques et de la pensée paradoxale dans l'interrogation constructiviste permet de préciser les notions d'intégration, de milieu, d'autonomie, ainsi que leurs "parcours" d'un auteur à l'autre. Ainsi, la pertinence de l'apport de Rogers et de la démarche phénoménologique vis-à-vis de la question du sujet et de son autonomie est non seulement explicitée mais aussi mise en rapport avec la posture épistémologique - dimension qui, si elle était absente de toute réflexion théorique à propos de l 'autonomie, en hypothéquerait la pertinence. Enfin, l'ouvrage est l'occasion d'une mise en perspective de l'évolution de la pensée de l'auteur, comme l'annonce le sous-titre, "Histoire d'une modélisation". De l'intuition initiale que la notion de "milieu" méritait d'être construite (en tant que différente de celle d'environnement) et de la première théorie du système personne - caractérisée par la reprise du quaterne INRC piagétien (avec sa désormais célèbre illustration par la partie de foot) et son extension au groupe IDEC - à l'esquisse d'une seconde théorie du système personne - fondée sur la construction d'équilibres successifs entre processus auto- et hétéro-référentiels, ce sont à la fois l'évolution des conceptions de l'auteur et les lectures qu'il mène des publications convoquées qui nous sont livrées. Outre les deux grandes ponctuations que constituent les deux théories du système personne, il faut mentionner le "complexe PSA", largement enrichi par rapport à ses précédentes présentations, puisque personne, sujet, acteur sont soigneusement situés les uns par rapport aux autres et par rapport aux différents contextes. Une modélisation en double emboîtement, (du type Dumont-Dupuy) avec inversion de hiérarchie (sens/actions conduites, puis, après examen du "cas de Paul", principe de plaisir/principe de réalité) permet la prise en compte de l'interaction paradoxale entre processus auto- et hétéro-référentiels. Je suis particulièrement sensible au fait que le niveau du sujet, dans ce double emboîtement, soit justement le niveau intermédiaire, coincé en quelque sort entre celui de la personne et celui de l'acteur. Cela me semble bien rendre compte de l'aspect funambulesque que j'attache de façon intime à cette notion de sujet. Lerbet parlerait plus volontiers du caractère tragique de la position du sujet, ce à quoi j'adhère totalement, en ajoutant cette métaphore du fil pour illustrer, justement, les équilibres fragiles que chacun de nous se doit d'élaborer pour tenter de tenir cette position intenable.

 

A la lecture, que m'avait proposée Georges Lerbet, des épreuves, j'avais pensé que son ouvrage était organisé en "double biseau", les considérations du niveau théorique - celles qui concernent la modélisation, au début les plus importantes, laissant de plus en plus place, à mesure que l'on avance, à des considérations épistémologiques. Cette impression tend à se dissiper en deuxième lecture, tant la modélisation s'enrichit au fur et à mesure des divers apports, la réflexion s'appuyant tant sur le niveau théorique que sur le niveau épistémologique dans sa progression. L'image qui vient est plutôt, alors, celle de l'hélice circulaire, une fois de plus, puisque constituant une bonne représentation d'une montée en complexité itérative. On aura compris que L'autonomie masquée, mine de références soigneusement repérées et articulées dans une pensée, restera un ouvrage de référence. Je pense qu'il restera aussi un prétexte à (et un outil de) méditation.

Jean-Claude Sallaberry


  

Selon que son lecteur sera familier ou non de l'œuvre antérieure de G. Lerbet (et du paradigme du "Système-Personne" qu'il y développe depuis longtemps), ses registres d'interprétations seront soit ceux que présente le sous-titre de son nouvel essai, "histoire d'une modélisation", histoire à laquelle les familiers participent souvent, soit ceux que suggère le titre, "l'autonomie masquée", titre intriguant et stimulant pour qui s'efforce, depuis deux décennies d'explorer ce champ épistémique complexe que l'on appelle parfois les sciences de l'autonomie tout en se demandant : "Peut-on concevoir une science de l'autonomie ?" (E. Morin, 1981).

Deux registres différents qui justifieraient sans doute deux notes de lectures différentes si le "système-personne présumé autonome" qu'est l'auteur ne les reliait fort délibérément, au risque d'irriter les critiques académiques qui ne sauront plus sur quel pied danser : s'ils critiquent la démarche modélisatrice, on leur dira qu'il s'agit d'un moment dans une histoire qui n'est pas achevée, et s'ils critiquent les thèses sur l'autonomie phénoménologique, on leur dira que ce ne sont pas les thèses qui importent, mais les démarches cognitives qu'elles mettent en jeu.

Ne vaut-il pas mieux, dès lors, accepter le faible risque d'une lecture simultanée sur ces deux registres (et sans doute sur quelques autres plus implicites), quitte à renoncer au clair et net cartésien au profit du clair-obscur léonardien ? L'auteur nous y invite en concluant : "J'ai bien conscience d'avoir introduit du bruit dans les modèles les plus classiques des sciences humaines (j'ajouterais volontiers : "et dans les autres !")… Je pense cependant que les interactions entre cohérence et cohésion peuvent être prises en compte si nous savons élargir le domaine de la modélisation". Serions-nous donc incapables de concevoir un tel "élargissement" ? N'est-ce pas là le propre de la modélisation de la complexité ? Sachons gré à G. Lerbet de nous y entraîner, et cherchons plutôt à entendre quelques nouvelles significations dans ce bruit (celui d'une polyphonie que G. Lerbet appelle, avec J. Ardoino, une "référenciation complexe") sans renoncer pourtant à notre autonomie de lecteur pensif.

L'important n'est-il pas dans le projet ? L'engouement pour le concept d'autonomie qui avait saisi la communauté scientifique lorsqu'il apparut, contemporain de la naissante systémique, il y a une vingtaine d'années, semblait se déliter ; l'appareil modélisateur que laissaient espérer les pionniers tardait à se développer et les procédures d'évaluation des énoncés que l'on pouvait proposer tenaient trop souvent de l'analogie approximative plutôt que du faisceau d'inférences plausibles épistémologiquement argumentées.

Le grand mérite de G. Lerbet est de remettre l'ouvrage sur le métier et de nous inviter à ne pas stagner dans une problématique préliminaire : si l'autonomie doit être un concept scientifique fécond susceptible d'enrichir l'entendement du citoyen, il est nécessaire de le soumettre à la critique et de le faire "fonctionner" dans des situations cliniques et pragmatiques qui légitiment son enseignabilité ; trop de concepts purement spéculatifs encombrent nos manuels ou nos argumentaires !

Il ne prétend nullement "démasquer" l'autonomie, mais il va s'efforcer de repérer certains des masques derrière lesquels, par paresse intellectuelle, nous la classons souvent : en particulier sous les masques de la logique ou de la rationalité. En s'attachant à distinguer les masques de la "cohérence" (formelle) qui dissimulent les projets cognitifs de "cohésion" (sémantiques) que nous voulons exprimer par nos projets de modélisation des phénomènes ou des systèmes que nous percevons autonomes, G. Lerbet nous propose une interprétation épistémique de l'autonomie qui s'avère intelligible, même si elle n'est peut-être pas encore aussi opérationnelle qu'il le laisse entendre.

Interprétation qui appelle une méditation épistémologique exigeante et qui montre pourquoi la "science normale" ne parvient pas à "récupérer" le concept d'autonomie que les citoyens lui demandent pourtant, pragmatiquement, d'assimiler assez pour le rendre aussi enseignable que ceux de solidarité, de responsabilité ou de justice ! Qui contestera qu'un tel élargissement et une telle critique soit aujourd'hui bienvenus ? Comment se vouloir autonome, producteur responsable de soi, un soi qui assume son paradoxe, voulant aussi l'autre (et les autres) autonome, et donc affectant ma propre autonomie ? Dilemme familier à tous les éducateurs, et de proche en proche à tous les citoyens, dont les solutions, sans cesse à inventer, relèvent plus de la pragmatique que du calcul ou du Discours de la Méthode !

En "inscrivant" sa méditation sur l'autonomie dans son propre cheminement élaborant le concept de "système-personne", G. Lerbet va implicitement inviter son lecteur à une reconstruction "autonomisante" de ses propres réflexions : il nous dit, par exemple, comment sa familiarité avec l'œuvre de J. Piaget (surtout celle des années 50-60), à laquelle, dès 1971 il consacrait un important ouvrage, l'a conduit à s'attacher avec enthousiasme à l'œuvre postérieure de F. Varela :"Premièrement, il m'a aidé à saisir indirectement une des limites de la pensée de Piaget en faisant apparaître par défaut, combien ce dernier scotomisait l'autoréférence dans la construction du sens. Secondement, il a contribué à clarifier à mes yeux, combien il était pertinent de poser la cognition comme un processus complexe coextensif du vivant" (p. 125). Pour d'autres lecteurs ayant cheminé dans les œuvres de J. Piaget ou de F. Varela selon d'autres itinéraires, les étonnements ne seront sans doute pas les mêmes : pourquoi reprocher à J. Piaget de n'avoir pas explicité le concept d'autoréférence qui n'est apparu dans la littérature scientifique qu'en 1975 (en 1969, si l'on se réfère à l'œuvre du logicien Spencer-Brown), alors que, dès qu'il l'eut repéré, il invita en 1976, H. von Foerster à venir le présenter à Genève (ce qui donna l'occasion à celui-ci de rédiger un texte remarquable sur les processus cognitifs auto référentiels).

Il semble même qu'il fut profondément heureux de cette renaissance d'un argument qu'il avait développé en 1937, quarante ans plus tôt, et qui n'avait alors nullement attiré l'attention des communautés scientifiques qui ne cultivaient alors que les formalismes Hilbertien puis Bourbakiste, formalismes qui ne permettaient guère de rendre compte des processus récursifs que quelques logiciens commençaient à développer aux U.S.A. puis en Angleterre (par l'étude des fonctions récursives, embryon d'une mathématique constructive qui ne se diffusait que lentement à partir des années 70 en Europe) dans l'indifférence ostensible des académies scientifiques. N'est-il pas exagéré de prétendre que "la pensée scientifique de Piaget soit demeurée strictement inscrite dans le cadre de l'hétéro-référence" alors qu'il fut sans doute le premier scientifique à assurer que "l'intelligence organise le monde… en s'organisant elle-même" en 1937, époque à laquelle le mot "auto- (ou hétéro-) référence" n'était pas encore entendu dans le langage scientifique (ni sans doute ailleurs !) : nul ne disposait du mot, mais rares étaient alors ceux qui concevaient le concept. Il n'est pas surprenant qu'il ait fallu attendre 40 ans pour que l'on entende le message quasi prémonitoire de J. Piaget.

A partir de 1975 (J. Piaget avait 80 ans), on pouvait enfin le recevoir et le développer et G. Lerbet nous aide en s'efforçant de repérer quelques lignes de force de ces développements. S'il est certain que F. Varela en fut et demeure un des contributeurs important, il ne fut pas le seul, et l'argument de G. Lerbet perd un peu de sa force en le privilégiant trop exclusivement ; mais la problématique varelienne eut sans doute pour lui un effet catalytique qu'il ne veut pas dissimuler ; il est pourtant surprenant de le voir attribuer au seul F. Varela la thèse de "la cognition considérée comme un processus complexe coextensif du vivant" alors que c'était précisément la thèse que proposait J. Piaget dès 1967, plus de 20 ans auparavant dans un ouvrage alors audacieux : "Biologie et Connaissance". Le mot "Cognition" n'était pas encore familier dans les académies, mais J. Piaget veillait déjà à préciser qu'il parlait de "connaisance-processus" (et non "résultat"), ce qui définit aujourd'hui la cognition !

Certes il fallait aller plus avant, mais avant et après les premiers textes de F. Varela, H. von Foerster (Self Organizing Systems), H. Maturana (Théorie de l'auto poïèse), H. Atlan (Information et auto-organisation), et surtout (à mes yeux : autres lecteurs, autres regards) E. Morin (Théorie de l'éco-auto-ré-organisation) qui publiait dès 1973 "Le paradigme perdu, l'unité de l'homme" : "Sans l'œuvre de Piage", rappelle G. Lerbet, "il m'aurait été difficile de méditer sur le trait de génie de Varela qui a montré combien biologique et cognitif sont intriqués, au point qu'on ne peut parler de l'un sans évoquer l'autre" (p. 126). Mais il ne se demande peut-être pas assez si la théorie varelienne de l'énaction (dérivée de la théorie de l'action située) pour "intriquer" le cognitif et le vivant, n'est pas trop réductrice puisqu'elle veut exclure symbolisation et computation symbolique, s'interdisant ainsi une voie d'interprétation féconde de "l'émergence de l'intentionnalité" par le jeu du "comme si

 

Il est une autre question sur laquelle la riche méditation de G. Lerbet nous donnera envie de revenir, celle de la "rationalité de l'autonomie" (il n'y consacre qu'un bref paragraphe, p. 70) : G. Vico, P. Valéry, Husserl et bien d'autres l'ont souvent souligné : l'autonomie appelle un difficile "héroïsme de la raison", une ascèse intellectuelle qui ne trouve qu'en elle-même ses propres légitimations et ses propres fins, et qui assume son impossible perfection : sa quête d'une perfection formelle la conduisant à cette "barbarie de la raison" (selon le mot de G. Vico) que seront souvent les logiques formelles et les rationalismes intégristes. Héroïsme de la raison qui appelle une sorte d'initiation cognitive éprouvante et tâtonnante, "obstinée rigueur" disait P. Valéry, qui pragmatiquement et lucidement n'exclut pas sa part de conventions sociales, et que l'on ne peut réduire à la seule "association des deux logiques, la formelle et l'analogique", que G. Lerbet appelle "rationalité paradoxale" (p. 139) sans préciser la référence du paradoxe. Ne faudrait-il pas ré-interroger les certitudes logiques, voire naturalistes, de J. Piaget lorsqu'il assurait que "la psychologie de l'enfant nous montre en quoi les structures mères de Bourbaki sont "naturelles" et tiennent à l'intelligence de l'homme" (J. Piaget,1976). La cohérence de ces structures mères de Bourbaki présumées naturelles nous assurent-elles de la cohésion du comportement cognitif du système autonome ? : auto ou hétéro référentiel, ce logicisme opératoire n'est-il pas bien réducteur ?

 

Aurais-je par cette discussion su convaincre de l'extrême intérêt de cette méditation sur l'autonomie que nous propose cet essai si bienvenu aujourd'hui ? "Cette hypothèse d'une complexité organisant des systèmes sans frontières étanches, mais plutôt s'organisant grâce au jeu incessant d'interactions variées, me conduit à penser qu'elle aide à rencontrer et à témoigner, en sciences bio-cognitives, de "l'effet auto-référentiel…" (p. 142) conclut G. Lerbet. Son pari est gagné : il nous aide effectivement à le rencontrer et il témoigne de la pertinence contemporaine de ces rencontres ; mais demandons-lui de remettre encore l'ouvrage sur le métier : il peut et doit nous aider encore, au moins en développant davantage son chapitre 3 sur le "système-personne" : son écriture devient là trop elliptique, intelligible seulement, je crois, par les familiers qui ont entendu et lu ses articles et conférences récentes sur la modélisation originale du système personne par niveaux enchevêtrés : le sens engendre la forme de l'action, action qui se conduisant informe et signifie le sens, qui forme l'action qui l'informe… ; ce n'est plus la cohérence du système-personne qui importe, mais sa cohésion, l'action de "cohérer". Modéliser cette complexe action n'est pas encore un exercice familier : il nous faut apprendre à développer des formes de rationalité récursive par une pratique clinique dont G. Lerbet ici, J. Miermont, Ph. Caillé et quelques autres ailleurs, nous donnent aujourd'hui l'intelligence.

J.L. Le Moigne