Les Français ne sont pas des catégories
Dans cet article du journal Le Monde Aurélien Delpirou et Frédéric Gilli appellent à renouveler nos intelligibilités et nos catégorisations : « … les mutations à l’œuvre exigent d’appréhender la France en Europe et dans le monde avec des grilles de lecture nouvelles et complexes … Ces vues d’avion en noir et blanc ont en commun d’envisager la France à travers de grandes catégories sociales, spatiales et culturelles supposées homogènes. D’un côté, la France d’en bas, « périphérique », selon l’expression de Christophe Guilluy, populaire, déclassée par la globalisation, réfractaire à l’écologie, mais enracinée dans un terroir et des valeurs ; de l’autre, la France « d’en haut », soit élitaire et enrichie par la mondialisation, soit cosmopolite et protégée par l’Etat, … la plupart de ces analyses, produites sur la base de sondages ou d’essais vite écrits, sont en effet obsolètes, erronées et délétères. Elles occultent tous les acquis des sciences sociales qui montrent, au contraire, que la fragilité socio-économique traverse les territoires et que la France est désormais une mosaïque tissée serrée d’interdépendances, où villes et campagnes se confondent, où local et global s’entremêlent, où richesse et précarité se juxtaposent. Ce sont précisément ces nouvelles lignes de faille qu’il faudrait analyser avec justesse pour pouvoir les réparer avec délicatesse …»