Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
Evénement non pas tant peut-être par son contenu qui se révèle sous des formes allusives, bribes de mémoires qui font enfin voir à tous les lecteurs et auditeurs de E Morin ce que l’on n’avait pas ou peu vu ; mais plutôt sous la forme d’une sorte de projecteur qui s’allume soudain, suscitant une sorte d’ouverture … à la pensée chercheuse. C’est la démarche, cette forme d’attention questionante par laquelle, dans l’action devenant réflexive, se forment les ressentis, images qui, s’enchevêtrent dans les multiples traces dites de ‘réalité familière se tissant d'imaginaires de nos rêves éveillés, fantasmes, imaginations, rêveries, souhaits, nos romans, nos films, nos séries télévisées.
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
Il nous a paru légitime d’insérer dans la bibliothèque du Réseau Intelligence de la Complexité la traduction de l’ouvrage d’un professeur de l’université de Göttingen J Beckmann, paru en allemand en 1806 ouvrage traduit de façon satisfaisante en 2017 sous le titre (‘Projet de Technologie générale’ …. Il fallait assurer la légitimité de la généralisation sous la seule bannière du concept de ‘Technologie Générale’ de tant de techniques spécifiques d’arts, d’écrits, et de métiers formés de main d’homme au fil de l’aventure de l’humanité depuis des millénaires. Ce fut, en reconnaissant dans cette diversité toujours évoluante une caractéristique commune, celle du PROJET de trans-formation :« Transformer une carrière et une forêt en équilibres magnifiques » ; Ainsi parlait sans doute Eupalinos. … Toute Action (ou Fonction) n’est-elle pas identifiable par un ou plusieurs verbes (et substantif verbal), formés aux fils des usages dans des contextes différents ? C’est par la liste de ces Verbes actifs qu’identifient depuis quelques millénaires artisans et artistes que J Beckmann 2 va pouvoir présenter le Paradigme de la Technologie Générale .
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
Peu après avoir publié ‘Entreprise, entrepreneur, histoire d’une idée‘ (La première édition parait en 1982, régulièrement ré édité depuis), Hélène Vérin présentait au colloque ‘Sciences de l’intelligence, sciences de l’artificiel, avec H Simon ’(PUL, 1984/1986) une contribution qu’elle intitulait ‘Art des systèmes, et évaluation d’un modèle en 1785’ (p 170-198) : Les débats que l’on rencontrait alors chez les ingénieurs militaires en particulier donnaient lieu à des échanges avec l’académie des sciences, échanges qui en appelaient déjà à la reconnaissances du caractère scientifique des processus de construction de modèles. Les sciences d’ingénierie, sciences de conception plutôt que sciences d’analyse, se formaient déjà dans les cultures organisationnelles où les multiples problèmes de coordination de multiples métiers (aujourd’hui on dira plutôt ‘sous traitants’) incitaient déjà à les ‘penser autrement’, par fonctions et processus plutôt que par structures et par organes séparés. Cette attention permanente d’une philosophe devenue historienne à la complexité des activités collectives de production de tous type, sans séparer les composantes sociologiques de celle des ’savoirs des métiers’ d’alors (on ne disait pas encore ‘les techniques’), ni de celle des gestionnaires et comptables, ni de celles des responsables territoriaux, ni de celles des juristes, ni de …
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
C’est le titre Éduquer à l’incertitude plus que le sous titre Élèves, enseignants : comment sortir du piège du dogmatisme qui m’a incité à ouvrir ce nouveau livre de Daniel FAVRE. Titre qui appelle certes une certaine pédagogie de l’ambigüité, celle que G Bachelard suggérait aux scientifiques en 1934 et qui vaut pour les enseignants comme pour quiconque fait profession d’éducateur, à commencer par les parents d’élèves : Que peut-être l’éducation à l’incertitude dés lors que l’on perçoit bien des ambiguïtés attachées au concept d’éducation et a fortiori au concept d’incertitude ?
Nouvelle présentation de la 4ème édition en format EPUB ()
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

« … A ce monde cartésien abstrait, sec, menacé par ce qu’il appellera plus tard, dans sa Science nouvelle (1744), la « barbarie de la réflexion », Vico oppose le monde humain réel, dans sa richesse et sa complexité, celui qui est créé, « inventé » par les hommes eux mêmes, création et invention qui mettent en œuvre la totalité de leurs facultés, en particulier leur ingenium qui n’est pas un simple instrument de déduction, mais une puissance inépuisable d’innovation. … ». Puis-je introduire cette Note de Lecture de la « Lecture de la Science Nouvelle de Giambattista VICO » par cette interpellation que nous proposait Alain PONS dans la Note qu’il avait rédigé en 2005 afin d’accompagner la publication sur le site du Réseau Intelligence de la Complexité MCX-APC de sa traduction publiée initialement en 1980. Ce lien symbolique aidera peut-être le visiteur contemporain à prêter attention à ce nouvel ouvrage d’A Pons, nous invitant à la lecture de la grande œuvre de GB Vico au titre insolite « Principes d’une Science nouvelle relative à la nature commune des nations ».

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Quand un philosophe allemand né en 1900, grand lecteur de ‘la Grande Logique’ de Hegel, émigre aux Etats Unis en 1940 et se trouve vite mêlé aux multiples débats qui accompagnèrent la formation du Paradigme de la première Cybernétique, entre 1943 et 1959, on peut présumer qu’il allait s’interroger sur les questions métaphysiques soulevée par ces ‘machines’ alors insolites. …. Ce fut en effet ce qui arriva : On ne devrait pas être surpris en observant que G. Gűnther publia dés 1953 un article intitulé Can Mechanical Brains Have Consciousness ?qui prépara le terrain de « La conscience des machines, une métaphysique de la cybernétique » qui, publié en 1957 en allemand, fut traduit en français en 2008.

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
« ….L’argument pivot est de privilégier la compréhension d’un phénomène par l’identification des fonctions qu’assure ou que devrait assurer tout l’organisme plus que par la description analytique de tel organe qui aurait le monopole exclusif de l’exercice de telle fonction quelque soit le contexte. Puis de parier que bien des fonctions peuvent être assurées en contournant par d’autres détours que par l’activité de ce seul organe. C’est cette fascinante plasticité du cerveau, inextricable réseau de neurones dans son tissus de cellules gliales qui rend intelligible l’exercice de processus qui assurent les fonctions de l’esprit et de l’affect sans s’interdire aucun itinéraire possible. La complexité n’est-elle pas en attente de bricolage et de bricoleurs ? …. »
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
N’est-elle pas fascinante cette légende, à la fois familière et mystérieuse, qui narre la formation sans cesse recommencée de l’entrelacs du froid Réel physique tenus pour contraignant et de la chaleureuse Vie capable de rêves et de compassion ? Légende symbolique que nous invite à relire André de Peretti en ’apprivoisant - à la manière du Renard, rusé conseiller du Petit Prince – ces mots qui buissonnent dans les plates-bandes vers lesquelles les mots quels qu’ils soient nous attirent pour nous jouer des tours. Pour découvrir ou mieux redécouvrir sous d’autres éclairages cette légende - ou peut-être cette fable - du féerique réalisme,- puis je suggérer au lecteur pensif…
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
Pensée globale, Pensée complexe. : Pour la raison ouverte « Nous devons abandonner une rationalité fermée, incapable de saisir ce qui échappe à la logique classique, incapable de comprendre ce qui l'excède, pour nous vouer à une rationalité ouverte connaissant ses limites et consciente de l’irrationalisable. Nous devons sans cesse lutter pour ne pas croire aux illusions qui vont prendre la solidité d'une croyance mythologique. Nous sommes dans ce monde global confrontés aux difficultés de la pensée globale, qui sont les mêmes que les difficultés de la pensée complexe.
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
Un exploit proprement éditorial, celui de la réalisation d’un ouvrage en deux tomes et trois volumes, 1750 pages agencées en 56 chapitres et au moins autant d’auteurs, le tout fort correctement présenté et illustré, dans une typographie sobre mais suffisamment aérée. Un ouvrage qui se veut aussi pluridisciplinaire que possible (mais l’est-on jamais assez ?) et qui se voudrait interdisciplinaire en privilégiant dés son sous titre la conjonction ‘des épistémologies et des pratiques’ (au pluriel) sans pour autant hélas considérer explicitement l’épistémologie de l’interdisciplinarité alors que l’argument premier du titre, MODÉLISER, le suggère dés l’abord.
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis, DURAND Jacques

« Prospective et Analyse de Systèmes » rédigé par Yves BAREL († 1990) fut certainement le premier ouvrage solidement documenté pour l’époque, (1971) introduisant dans les cultures scientifiques françaises l’analyse de systèmes qui devint vite l’analyse systémique puis la modélisation systémique. Il nous apparait opportun d’attirer 40 ans après sa parution, l’attention sur ce texte d’Yves BAREL désormais d’un accès aisé sur la Toile Internet. N’est-ce pas aussi dans ce terreau que nos connaissances d’aujourd’hui sont enracinées ? Il apparaitra paradoxal aujourd’hui de constater que de tels textes sont encore d’une remarquable pertinence. L’auteur de « Le Paradoxe et Le Système » (1979, 1989) nous invitait déjà à être attentifs aux vertus d’un tel paradoxe dés lors que l’on s’attache à le réfléchir. Outre une brève fiche de lecture rédigée par JL Le Moigne publiée en 1973, nous empruntons à l’avant propos de l’ouvrage rédigée en 1971 par l’éditeur, Jacques Durand, le texte de cette Note de lecture

Sur l’émergence de deux ‘Nouvelles Sciences’ et la résurgence du Paradigme Épistémologique de la Complexité ()
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
C’est d’abord par son titre insolite que cet ouvrage collectif retient l’attention : Denis MARTOUZET, animateur de l’équipe Ingénierie du Projet d’Aménagement - Paysage et Environnement (Université de Tours ) a associé quelques chercheurs autour d’une question apparemment naïve : « La société urbaine ne peut faire l’économie de quelques questions simples à formuler. Aimez-vous la ville ? Pourquoi ? Un peu, passionnément, pas du tout ? » Et bien sûr, en guise de réponses, les chercheurs vont trouver nombre de nouvelle questions, dés que les points de vue se déplacent, du géographe au cinéaste .... : « L’universalité des affects – positifs, négatifs, toujours changeants – envers l’urbain ... suggèrent autant d’autres questions. On entre dans l’ambiance de la ville par ses différentes dimensions : urbanisme et participation, idéologies, temporalités, patrimoines, marketing urbain, cinéma et représentations mentales ou sociales, sciences morales et politiques, mais aussi le sensible et l’émotion ».
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
On avait souligné il y a quelques mois l’intérêt de ‘Le documentaire "Sacré croissance" de Marie-Monique Robin ’ (Journaliste d’investigation scrupuleuse et réalisatrice expérimentée) que venait de diffuser une chaîne de télévision (diffusion complétée par l’édition du DVD correspondant). L’auteure a très judicieusement « transformé l’essai » en complétant ce documentaire vidéo (fait pour l’essentiel d’entretiens très divers) par un livre documentant abondement et scrupuleusement ces entretiens et récits, chacun étant sympathiquement mis en contexte (ce sont souvent des récits d’aventures, microcosmiques à l’échelle de la Planète et des grandes institutions politiques et financières) ; récits quasi méconnus de la plupart des médias, se déroulant parfois depuis près d’un siècle (la durée de la progressive réaction des sociétés humaines à la proclamation de la ‘nécessaire réduction des humains à l’Homo Economicus’).
« Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde » (A. CAMUS) - Edito 73 ()
Concevoir les organisations socio-économiques comme des artefacts évolutifs et viables ()
Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis
En s’attachant relire avec soin les travaux scientifiques de l’historien-démographe Emmanuel Todd, et en considérant « avec circonspection et vigilance... toute affirmation procédant d’une anthropologie sociale et politique réduite à une modélisation des systèmes familiaux et de parent, Reda Benkirane va nous monter que « la vision réductrice proposée par l'étude toddienne des types de famille existant au sein de l'humanité à une portée heuristique. C'est là sa principale valeur ajoutée, elle n'apporte pas une vision complète de la société observée, mais suscite le souci de la penser autrement et de trouver de nouvelles descriptions ». Reconnaitre que nous sommes en présence de causalités non linéaires er non déterministes, n’est ce pas un exercice de bonne intelligence des la complexité des processus qui enrichit nos interprétations