Sociologue du temps présent et penseur fraternel, Edgar Morin est un braconnier du savoir pour qui la philosophie doit être un antidote aux œillères de l’esprit. Du phénomène yéyé à l’impératif écologique, il a offert des repères à nos temps déboussolés, sans peur de la « complexité » et des contradictions de la condition humaine, forgeant une éthique de l’incertitude et plaidant pour une symbiose des civilisations. A l’aube de son centième anniversaire, Le Monde se penche sur l’œuvre et la vie de ce fils du siècle.
En 1755, l’Encyclopédie jette un « o » à la poubelle : ce qui s’appelait jusque-là « œconomie » devient « économie ». En perdant son « o », l’économie perd aussi progressivement la mémoire de son sens premier (oïkos, maison, nomos, loi), et s’autonomise de la gestion du reste de la société jusqu’à présenter les lois qu’elle énonce comme des lois naturelles auxquelles on ne peut que souscrire. Mais aujourd’hui, l’humanité est confrontée à une exigence pressante : assurer le bien-être de tous dans le respect des limites de la planète. Un retour à l’œconomie peut permettre de concilier les nécessités économiques avec le fait incontournable que les ressources naturelles sont limitées, et c’est l’objet de ce petit traité.
Ndlr : Nous remercions les éditions de l’Herne de nous autoriser à reproduire en guise de présentation de ce remarquable Cahier Edgar MORIN, l’avant propos de François L’YVONNET qui en a dirigé la conception et la réalisation. On verra en parcourant ensuite le Sommaire de ce « Cahier », la richesse et la diversité dans l’unité des contributions ainsi rassemblées autour de l’œuvre et des témoignages de l’Humaniste Planétaire, celui qui a « le courage de l’intelligence fraternelle »
Editions de L'Herne, Cahiers de L'Herne N° 114, 2016, ISBN 978-2-85197-184-5, 272 pages
Jamais la démocratie n’a été aussi ardemment désirée par ceux qui en sont privés. Rarement elle a autant déçu ceux qui en jouissent. Comment lui redonner vigueur dans un mode interdépendant, mis au défi de conduire une vaste mutation qui concerne l’institution des communautés humaines, l’adoption d’une éthique commune de la responsabilité, l’invention de nouvelles formes de gestion de la société, la transition de notre modèle actuel de production et de consommation vers des sociétés durables ? Mutation à long terme, allant du territoire à la planète, qui suppose de nouvelles élites, une nouvelle échelle de temps et d’espace, une aptitude nouvelle à traiter ensemble de questions complexes.
Nous avons besoin pour cela d’une démocratie substantielle, faisant le pari de l’intelligence des citoyens et leur donnant les moyens d’inventer ensemble leur avenir. C’est à sa conception que se consacre Pierre CALAME dans cet ouvrage.
Éditions Charles Léopold Mayer 2012 ISBN 978-2-84377-169-9,127 p.
Depuis Condorcet, le progrès était conçu comme une loi automatique de l'histoire. Cette conception est morte. On ne peut pas non plus considérer le progrès comme le wagon tiré par la locomotive techno-économique. Il s'agit de croire au progrès d'une façon nouvelle, non comme une mécanique inévitable, mais comme un effort de la volonté et de la conscience. ...