Logique et Langage, essais de sémantique intensionllelle

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Le titre est le même que celui du dernier ouvrage de J.B. Grize (Logique et Langage Ed. OPHRYS), mais les projets de ces deux ouvrages sont plus connexes que communs. Le dernier nous introduisait, de magistrale façon, à "la Logique Naturelle" que formule depuis quinze ans le Centre de Recherche Sémiologique de Neuchatel, alors que l'essai de F. Nef se propose de nous introduire à "la logique intensionnclle" (Fregge, Carnap, Church, Montague) présentée comme un apport de "la sémantique formelle" aux sciences de l'argumentation. On peut certes s'interroger sur la pertinence "logique" du concept de "Sémantique formelle" : les rhétoriciens le tiendront volontiers pour un oxymoron, figure que bannissent les grammairiens et donc les logiciens ! Mais l'expression semble aujourd'hui acceptée par ces demiers pour désigner autrement la "sémantique intensionnelle" (avec un s, pas un t), qui priviligie le sens sur la référence ("Sinn/Bedeutung", selon Fregge (1879), que Carnap traduisit (1947) par "Intension-Extension"). F. Nef nous présente ici, avec une grande maîtrise la sémantique de Montagüe (1974), en s'adressant "à tous ceux qui à des titres divers peuvent vouloir économiser la difficulté des commencements". Entreprise d'autant plus méritoire qu'elle est difficile compte tenu de l'ésotérisme de toute "désambiguïsation". Entreprise qui le conduit à reconnaître à la fois la nécessité et les risques de la construction d'une logique naturelle "plus inspirée de la manifestation linguistique que de la déduction mathématique" (p. 144). Risque faibles dès lorsqu ils sont perçus me semble-t-il, et que la logique naturelle se comprend par le projet d'identification "des régularités qui structurent le raisonnement" produit d'une série complexe d'opération mentales" (p. 145). Sans postuler aucun isomorphique cntre la représentation discursive et la réalité, entre l'esprit et la grammaire, reconnaître ce tiers, ou cet intermédiaire : la représentation discursive pour F. Nef, la schématisation pour J.B. Grize.