Eléments fondamentaux des cindyniques

Note de lecture par LE MOIGNE Jean-Louis

Les cindyniques, "sciences du danger"... nées en 1987 et depuis "en irrésistible essor", assumant... sans complexes... la complexité de leur objet, constituent peut-être aujourd'hui un des premiers prototypes des "très nouvelles sciences", celles qui vont se développer au XXIe siècle dans l'interaction permanente de l'épistémique et de l'empirique. Empirique ? : si nous ne voulons pas subir passivement Tchernobyl, Bhopal ou la contamination sanguine ; épistémique ? : si nous voulons pourtant raison garder, et même ingéniosité susciter, sans nous résigner aux mythes de la punition divine ou aux expédients de la technique du bouc émissaire. Qu'en se développant dans ce bouillon de culture au sein duquel fermentent méditations épistémologiques et scoops médiatiques, les cindyniques n'apparaissent pas encore "telle Athéna, armée de pied en cap des habits de l'académisme" ne saurait nous surprendre. Mais peut-être saurons-nous, a contrario nous étonner de l'exceptionnelle attention épistémique que, dès leurs premiers pas, les jeunes cindyniques savent déjà manifester. G.Y. Kervern, leur promoteur le plus actif nous en livre ici un nouveau témoignage : qu'en sept ans, la discipline ait su et pu élaborer une première "grille de lecture" (ou plutôt une "grille de questionnements") qui ne se réduise pas à une check-list de technologue fermé, révèle me semble-t-il sa vitalité. Certes, "le chemin des cindyniques se construit en marchant", et ce petit traité en forme d'aide mémoire incongru, ne constitue pas la somme définitive d'une discipline constructiviste par son projet même ("concevoir ; ne pas subir"). En parvenant à présenter en quelque cent pages (en français, et en anglais sous le titre "Latest advances in cindynics", Economica, 1995) une discipline en formation en assurant dès l'abord son caractére multidimensionnel (et "multi référentiel"), sans dissimuler ses enjeux éthiques, épistémologiques, axiologique et déontologique, et en l'entendant comme une science fondamentale de l'ingénierie des systèmes complexes, s'exposant aux multiples champs empiriques dans lesquels nous l'aborderons (transport, violence, irresponsabilité, etc...), G.Y. Kervern nous rend un bien riche service. Service qui ne nous sera précieux que sinous savons interpréter ce livre en le transformant dans l'expérience et la réflexion...chemin faisant !...

JLM