Atelier 15 - Ecologie humaine, ruralité et sciences de la complexité

Accordons une place majeure au milieu rural véritable cytoplasme pour les auteurs-acteurs qui tentent de bâtir leur vie.dans un espace en voie de désertification. L'urbanisation galopante du XXè siècle a conduit à la surpopulation des villes et à l'anémie des campagnes.Entre les clochers et les capitales régionales, des territoires de sens, de solidarité, de coopération se cherchent, les communautés de communes font leurs premières expériences dans la continuité des organisations à vocation intercommunale. Quand serons-nous en phase ? Quand pourrons-nous mettre notre énergie en synergie et non en inertie de neutralisation ?"L'écologie humaine traite de la vie humaine dans toutes ses manifestations physiques, chimiques, biotiques, mentales sociales et culturelles d'un point de vue écologique, cela signifie en considérant les connexions d'un être humain ou d'un ensemble d'êtres humains avec le monde extérieur qui le ou les entoure." Mettre en commun les théories des chercheurs et les expériences locales génératrices de "mieux-vivre" et "d'être plus", les confronter, les mettre en question, envisager l'opérationalité des unes et théoriser les autres dans un doute serein et respectueux de la variété des démarches, sont autant de clés pour l'ébauche d'un développement rural durable.

Participant depuis quelques années aux travaux du programme MCX, je me suis intéressé aux problèmes de formation des personnes au sein de l'atelier animé par Georges Lerbet et Jean-Claude Sallaberry. Oeuvrant dans l'institution des Maisons Familiales Rurales, nous accordons une place majeure au milieu rural véritable cytoplasme pour les auteurs-acteurs qui tentent de bâtir leur vie.dans un espace en voie de désertification. L'urbanisation galopante du XXè siècle a conduit à la surpopulation des villes et à l'anémie des campagnes. Certains géographes, économistes, voient dans la ville le facteur structurant de l'espace, mais quelle ville ? Pour quel espace ? Un chercheur caennais parle de "collège rural" lorsqu'il rend visite aux jeunes d'Argentan (20 000 habitants), d'autres enfin voient en Laval le chef-lieu de la Mayenne (70 000 habitants) une ville rurale. A ce rythme d'inflation dans la ruralité, seules les capitales régionales pourront prétendre au statut d'urbanité. La définition des communes rurales (limitée à 2 000 habitants) selon l'INSEE, si elle est encore la base de toute nomenclature démographique, n'est en tout cas plus guère présente dans les esprits. Entre les 36 000 clochers et les 22 capitales régionales, des territoires de sens, de solidarité, de coopération se cherchent, les communautés de communes font leurs premières expériences dans la continuité des organisations à vocation intercommunale. L'émergence du concept de pays à raison de 4 à 5 par département dessine les contours d'une nouvelle configuration géo-politique européenne.   ;   ;  ;De réforme en réforme, de la loi sur l'aménagement à la loi sur le développement, contrats, petites villes régionales, pays d'accueil, zônes Leader .... Les sigles foisonnent. Une loi est à peine votée qu'une autre arrive à la discussion, si bien qu'entre les programmes des uns et les objectifs visés des autres la cacophonie enfle et laisse le citoyen, aussi documenté soit-il, désabusé, inhibé ne sachant plus très bien quel est le fil directeur de toute cette débauche d'énergie qui l'entoure. Des vérités contradictoires sont assénées de toutes parts lors des pré-échéances électorales et le peuple s'assoupit jusqu'à la prochaine convulsion. Quand serons-nous en phase ? Quand pourrons-nous mettre notre énergie en synergie et non en inertie de neutralisation ? Quand reconnaîtrons-nous du citoyen au plus haut étage de l'Etat et de la Science, que notre rationalité est limitée ?   ;   ;  ;Envisager notre monde comme complexe et incertain, prendre conscience que nous n'avons à remercier que nous-mêmes sur notre état infantile et le destin que nous nous fabriquons jour après jour, peut-être le début d'une longue quête pour mieux vivre là où nous habitons, travaillons, nous cultivons,nous divertissons, nous aimons et souffrons. Les relations entre le local et le global se révèlent tumultueuses comme le souligne D.Génelot (Revue Pour n°135, sept1992) "Des générations successives de responsables politiques décrètent à l'avance la cohérence centrale autour de laquelle le local devra s'agréger. On retombe dans les vieux démons de la pensée totalitaire". Partant, comme nous l'avons dit, d'un mouvement ancré dans le milieu rural, nous sommes intéressés par l'introduction d'un sensibilité ruraliste au sein de l'AEMCX. Conscients de la dette intellectuelle que nous avons vis à vis des pionniers de cet atelier, ( B.Vissac et H.Greppin) nous voulons situer cette ruralité dans la perspective de l'écologie humaine, science neuve et en devenir. Nous nous inscrivons aussi délibérément dans la quête d'une pensée complexe si riche de potentialités qui ne demandent qu'à être actualisées. B.Glaeser (1997,p.32) livre à notre réflexion la définition de l'organisation internationale pour l'écologie humaine (IOHE): "L'écologie humaine traite de la vie humaine dans toutes ses manifestations physiques, chimiques, biotiques, mentales sociales et culturelles d'un point de vue écologique, cela signifie en considérant les connexions d'un être humain ou d'un ensemble d'êtres humains avec le monde extérieur qui le ou les entoure." Le premier problème qui va se poser concerne donc celui de la taille pertinente pour l'étude de ces connexions? Si la commune, cellule de base de l'exercice de notre citoyenneté semble l'idéal démocratique, la communauté de communes est peut être le territoire qui rassemble suffisamment de forces de propositions pour affronter les défis qui nous sont proposés: environnement., chômage, exclusion, incivilité......etc. Mettre en commun les théories des chercheurs et les expériences locales génératrices de "mieux-vivre" et "d'être plus", les confronter, les mettre en question, envisager l'opérationalité des unes et théoriser les autres dans un doute serein et respectueux de la variété des démarches, sont autant de clés pour l'ébauche d'un développement rural durable. Je souhaiterais avec les responsables de MCX et notre Président JL Le Moigne que les personnes qui voudraient contribuer à mettre en interaction la pensée et l'action (lettre de JL Le Moigne de Janvier 1997), adhérent au programme européen MCX avec la perspective de créer des réseaux régionaux d'échanges qui alimenteraient un colloque sur nos visions ruralistes pour le 21ème siècle. Chercheurs, praticiens, entrepreneurs, élus et reponsables associatifs soucieux de la revitalisation de nos territoires pourraient être les artisans de cette rencontre. Un certain nombre de pistes de réflexion se présente à nous: Quelles finalités poursuivons nous à travers les politiques de développement rural? Quelles représentations communes peut-on faire émerger parmi les citoyens, élus, responsables d'entreprises ou d'associations. Comment travailler ensemble et non pas les uns à côté des autres et parfois les uns contre les autres ? Quelles sont les fonctions que notre société souhaite voir assumer par le milieu rural -au delà de sa mission nourricière? Isolement culturel, enclavement, délitement du lien social nous inciteront à coopérer avec les ateliers préoccupés de reliance et de développement des personnes. Nous partageons la position de D. Génelot qui précise ainsi l'utilisation de la pensée systémique dans le développement local (Pour n°135,1992) "La méthode de pensée systémique nous invite à formuler et discuter d'abord nos finalités, à situer notre problématique locale dans une problématique globale, à questionner les finalités du global, à articuler les finalités du local avec celles du global." Les thèmes de réflexion ne manqueront pas, la prise en compte de la pensée complexe et la volonté sincère de changer nos comportements en co-inter -eco-trans-Action pour tenter d'offrir à nos enfants un avenir vivable qui ne soit pas vide de sens constituent notre mobile d'action. Les mouvements ruralistes qui se sentiraient en phase avec nos préoccupations seront les bienvenus dans nos réseaux. Le président de "Solidarité Rurale " du Québec J.Proux invite le milieu rural à se prendre en main pour entrer dans le 21ème siècle:" Maintenant qu les secteurs publics et marchands ne sont plus en mesure d'assurer certains des besoins fondamentaux des populations, les gens n'ont guère mieux à faire que de prendre une fois de plus leurs propres affaires en mains et recréer des collectivités locales viables qui les protégeront des forces impersonnelles du marché mondial et d'autorités centrales de plus en plus faibles et incompétentes." Puis il ajoute:" Pour être du 21ème siècle le milieu rural devra renouer avec son âme, sa culture, son patrimoine, sa définition propre du sens de l'existence... Nous serons alors unis par une manière commune de nous percevoir et de nous projeter dans l'avenir. Nourris d'une même culture, nous partagerons un même projet." Cette formule n'est pas éloignée de celle de Paul Houée, l'un des auteurs majeurs de la théorisation et de la mise en oeuvre d'actions de développement local pour qui il n'existe pas de territoires sans avenir, il n'existe que des territoires sans projet.Alfred Pétron -C.F.T.A.,25 rue Pierre Neveu, 61600 La Ferté-Macé- tel 02.33.30.68.50, fax 02.33.30.68.48- E mail : %20alfred.petron [at] mfr.asso.fr">alfred.petron [at] mfr.asso.fr

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La Mission Agrobiosciencesagrobiosciences.org publie un dossier d'une complexe actualité sur le théme : Bio technologies : fascinations... interpellation" et être de son temps à la campagne ". Il s'agit des actes de la 6eme universite d'ete de l'innovation rurale. (Avec les interventions de Claude Fischler, Dominique Desjeux, Alain Trousson, Jean-Marc Lévy-Leblond, Jean-Pierre Zalta, Marie Thérèse Lacombe, Alice Monier etc.). http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=358v

    Documents rédigés par les membres de l'atelier